Par Sylvain Carré
INTRODUCTION
La Caterham Super Seven est une voiture sans
concession aucune, elle est pure sportivité avec
tous les désavantages que cela entraîne. Les
performances dont elle est capable peuvent laisser pantois
les Ferrari pour certains modèles. La gamme est diversifiée
mais tournée vers un unique modèle. L'aventure
de Caterham c'est avant tout l'aventure de son modèle
fétiche : la Lotus Super Seven S3. Je vous propose
avant tout de revenir au commencement de la dynastie des
Seven. L'histoire de l'une des plus fantastiques voitures
de sport est longue de 46ans sans évolution de style
majeure (!) ce qui est loin d'être ridicule même
face aux monuments que sont par exemple la Coccinelle (62ans)
ou la 2CV (42ans).
Nous verrons les différentes Caterham Seven depuis
le rachat des droits.
Nous ferrons enfin un tour d'horizon des Cat' les plus impressionnantes
jamais produites.
LA LOTUS SEVEN
La Super Seven est née de la passion
d'un professionnel de la Course automobile. Il est le metteur
au point méritant de l'implantation centrale du moteur
sur les voitures de courses (après la timide tentative
d'Auto-Union avant guerre), l'un des plus importants ingénieurs
des années 60 à 80 : Anthony Colin Chapman
(1928-1982). Il a possédé une écurie
de Formule 1 de 1958 à sa mort en 1982. Il a inventé
la Seven en 1957. Le cahier des charges est alors des plus
explicite : s'inspirer de la compétition pour réaliser
une Sportive hyper efficace.
La Lotus Seven S1 parue en 1957 a été produite
à 243exemplaires.
La toute première version est une voiture
se vendant en Kit avec un moteur ford de 1172 cm3 qui développe
40ch ou 48ch avec une option. La première usinée
apparaît en 1958 : Elle est alors mue par un Moteur
Coventry Climax de 1098cm développant 75chevaux à
6250 tr/min. La Seven est une pure sportive, son poids à
vide de 419kg la place à l'égal des Porsche
356 de l'époque (la 356 A 1500GS de 100ch pour 840kg)
en accélération ! Cependant la S1 est peu
aboutie et dangereuse. Lotus va repenser les trains roulants
pour sa 3ème version après la " F "
vendue en kit, et la Super Seven " C " de 75ch.
La Lotus Super Seven va alors élargir sa gamme de
moteurs en proposant entre 1960 et 1968 sa série
2 (S2) pas moins de 5 moteurs différents !
La S2 se démarque de la S1 par l'utilisation
partielle de Fibre de verre pour sa carrosserie. En 1960
la S2 apparaît avec un moteur de 948cm3 et 37ch pour
le modèle de base et un autre moulin de 1172cm3 et
40ch. Dès 61 un 997cm3 de 39ch est produit en duo
avec un 1340cm3 de 85ch. Alors que le 997cm3 est maintenu
jusqu'en 1967, le 1300 est remplacé par un 1500 (1498cm3)
de 91ch (!). la S2 est alors capable de performances impressionnantes
pour l'époque et le niveau de prix : la S2 1500 abat
le 0à100km/h en 7.8s et atteint 170km/h en Vmax ;
à la stupéfaction de tous la 356 1600GS Carrera
GT met 10.5 pour atteindre les 100km/h et se retrouve donc
loin derrière et ce malgré sa puissance nettement
supérieure (115ch) . La S2 remporte alors un succès
mérité puisque 1311 exemplaires seront produits,
soit 51% des modèles de Super seven produit par Lotus
!
La S3 sera la plus belle est la plus aboutie techniquement
des Lotus Super Seven.
Elle sera produite à 339exemplaires
entre 1968 et 1970, tous avec des moteurs 1.6 (1598cm3 ou
1558cm3) de 84ch, 115ch (Seven twin Cam SS) ou 120ch (préparation
Holbay). La dernière version de 120ch décape
l'asphalte avec un 60mph cher au anglais atteint en 6.5s
! la meilleure des Lotus Super Seven disparaît en
1970 pour laisser sa place au vilain petit canard de la
classe Seven !
La Lotus S4 n'a pas été gâtée
par les designers Lotus de l'époque, c'est le moins
qu'on puisse dire. Ses lignes tirées à l'extrême
la défigure, ses formes anguleuses lui vont mal,
et son profil de baignoire des années 70 est indigeste,
osons le dire … elle est laide.
La Carrosserie est en fibre de verre intégral
(comme aujourd'hui les TVR). Au niveau des moteurs, c'est
sans grande évolution, le 1598cm3 et 84ch est toujours
disponible, celui de 1958cm3 aussi avec 115ch et un 1340cm3
de 85ch qui ne présente pas d'avancé, prennent
place dans le minuscule compartiment moteur rectangulaire
de la S4 … Son look vomitif et la crise de 1973 plonge
Lotus dans la pénombre … la dernière
Lotus Super Seven déçoit mais sa notoriété
l'a quand même largement diffusée : 664exemplaires
produits.
En 1973 c'est la fin de l'aventure de la Lotus Super Seven,
la S1 était une ébauche géniale, l'invention
d'un concept repris aujourd'hui par l'Elise chez Lotus ou
le Speedster (=VX220) chez Opel (=Vauxhall en Angleterre),
la S2 est une incroyable sportive pour son époque,
la S3 est pour la majorité des connaisseurs la Super
seven historique la plus aboutie de toutes (!) la plus belle
aussi. La S2 et la S3 se reconnaissent de la S1 par leur
nez plus arrondi, extérieurement toutes les Lotus
Super Seven étaient dépourvus d'arceau cage
de série, le physique de la S4 a déjà
été largement décrit. La S4 représente
le déclin du modèle. De toutes ces autos (S1,
S2, S3, S4) émerge un principe de conception automobile
enfanté par Chapman qui se perpétue encore
aujourd'hui dans la production actuelle d'automobiles de
Sport : la légèreté est la base de
la sportivité. Le désormais célèbre
" Light is right " de Colin Chapman est plus que
jamais d'actualité !
La fin des Seven chez Lotus n'a pas sonné
le glas de l'une des plus importante Sportive de la 2nd
moitié du 20ème siècle ! en effet en
1973, Caterham reprend les droits de la Super Seven pour
le grand bonheur de tous les passionnés que cette
voiture a laissé orphelins après la chute
de sa production. Si Caterham a repris la S4 pendant l'année
1973, dès 1974 la marque a mis en valeur le modèle
le plus apprécié : la S3 ! encore aujourd'hui
c'est la S3 qui bat des records d'accélération
dans les magasines spécialisés du 3ème
millénaire, une S3 revue et corrigée pour
atteindre aujourd'hui la perfection !
LA CATERHAM SEVEN
En 1973, Lotus souhaite s'occuper d'un autre
segment d'automobiles, la marque revend donc les droits
officiels de production à son plus important distributeur
: Graham Nearn (dont la concession existe depuis 1959) et
dirigeant de Caterham Cars.
La première année de la reprise de la production,
la S4 finit sa dernière année. A son terme
Caterham relance la S3, la plus emblématique des
Seven : 313 exemplaires de S3 twin Cam 1558cm3 et 126ch
sortiront de l'usine. En 1976, un championnat spécifique
est crée pour les Seven en Angleterre. En effet les
Caterham sont trop éloignées par leur concept
même, des standards de compétitions: elles
sont trop légères et par conséquent
trop performantes. En 1980 le cockpit est revu, l'année
suivante des essieux dérivés d'escort Mk3
sont installés aux roues avant. En 1984 une version
Sprint ravit les fans : les soupapes du moteur Ford sont
revues et la mécanique avoue 135ch pour 1690cm3.
1985, l'essieux rigide arrière est remplacé
(ouf !) par un pont De-Dion issue de la Sierra un peu moins
rustique. L'année suivante c'est la boite 5 de la
sierra qui finit dans la petiote. En 1987 est construite
l'usine de Dartford qui va pouvoir survenir aux besoins
de la prochaine génération de Seven. Les premières
avancées depuis la construction de l'usine seront
les freinages à disques sur toutes les roues. Un
grand tournant s'effectue en 1991 avec l'adoption par Caterham
du plus léger 4cylindres de la production anglaise
: les Caterham K-series seront muent par des moteurs Rover
! Il y a aura un 1.4 et un 1.6 de proposés plus une
version Supersport de 135ch pour 520kg Les Caterham nouvelle
génération apparaissent en 1996 : plus luxueuses
(tout est relatif) encore plus rigides. On s'attardera sur
les sièges baquets cuir de série, les suspensions
modifiées, la finition en hausse singulière
(capote) et l'apparition d'options (!). En 1999 apparaît
la 1.8VVC de 143ch et sa boite 6 sous une apparence encore
paisible.
Arrivé ici on peut observer que la
Caterham a parfaitement su évoluer dans le BON sens
, favorisant le plaisir et fidélisant sa clientèle.
La tradition est conservée: la 1.8VVC ressemble plus
à une S3 qu'une Golf V à une golf I.
LES PLUS EFFICACES
Mais ce que Caterham a apporté à
la Seven c'est sa dénomination de SUPERCAR grâce
aux performances simplement incroyables de certains modèles.
Il existe deux sortes de Caterham super seven : Il y a la
Caterham du poète et la Caterham du héros.
Les Seven sont faites pour le Circuit, or 130ch paraissent
faibles à certains pour ce genre d'activité.
Je vous laisse deviner la suite. Des modèles capables
de tout sont sortis, en voici une selection.
La JPE (Jonathan Palmer Edition) sort en 92.
Elle est dérivée de la version
HPC de Opel (2.0 16s de 175ch) apparue en 1991. Des versions
2.0 Opel ont été vendues jusqu'en 1998, les
puissances s'échelonnaient entre 158 à 235ch
pour les versions les plus méchantes. La JPE (500kg)
est caractérielle : 250ch sur les seules roues arrières
et le record d'accélération (pour les voitures
de série) du 0-60mph en poche : 3.46sec (0-96km/h).
Ne demandez même pas à l'Enzo de faire mieux
!
Mais les années 2000 font encore mieux : Les séries
Superlight font leurs entrées. 3 modèles :
R300, R400 et R500 dotés de mécaniques X-power
Rover de respectivement 165, 200 et 233ch. Pourquoi R300
? R400 ? ou R500 ? simplement pour signifier au conducteur
que sa voiture peut rivaliser théoriquement avec
des autos de 300ch par tonne, 400ch par tonne et 500ch par
tonne dans le cas de la R500. Avec un tel rapport puissance/poids,
la Caterham R500 est simplement un monstre de circuit, une
bête de piste. La belle croque les Ferrari, les 996Turbo
ou bien les TVR pourtant deux fois plus puissantes ! Avec
un poids à vide de 488kg et un moteur de compétition
homologué pour la route (au moins en Grande-Bretagne)
cette Cat' se chausse en Slick et s'habille de Carbone pour
un look ultra sport ! Le 4cylindres 1.8 (Rover cette fois)
crache ses tripes, et on a du mal à croire que la
MG TF possède le même : il est préparé
comme un moulin de course ! Ce moteur ne connait pas le
couple, 21.4mkg à 7200tr/min (pas mal pour un 1 796cm3
atmo quand même), mais pas besoin de couple lorsqu'on
a que 488kg à porter … la puissance de 233ch
s'établit à 8600tr/min et heureusement le
pont autobloquant est de série. Vous l'aurez compris,
la progressivité n'est pas sont fort, le violent
et le ponctuel sont ses principes dominants. Avec un rapport
poids/puissance record : 2.1 kg/ch (ne cherchez pas, même
la Zonda C12S ne fait pas mieux) les performances sont ahurissantes
: le 0à100 en 3.6s la place au même niveau
que la Ferrari Enzo ou la McLaren F1 en accélération
et ses 241km/h de pointes seront laissés au plus
braves que la direction ultra directe n'effraie pas à
grande vitesse. Mais la Caterham se savoure avant tout dans
les courbes, ses roues de 13pouces (!) et ses pneus montés
en Slik confèrent un grip et une vivacité
infernaux et la camera embarquée dans une R500 lâchée
sur le Nordscheifle s'apparente aux cameras embarquées
d'Alonso les dimanches sur TF1. Pour finir, la R500 a battu
un record démentiel devant bon nombre de prétendantes
toutes plus prestigieuses les unes que les autres: Une Murcielago
abat le 0/160/0 en 13.90s, une 996Turbo en 13.02s, un McLaren
F1(version LM) en 11.50s. La R500 réalise le même
exercice en seulement 11.44s ! Devant les Pagani, les GT2
ou les McLaren F1 ! C'est sans nuls doute la meilleure Caterham
jamais produite.
Pour conclure sachez que l'on peut à peu près
tout faire avec une Seven grâce au catalogue d'option
disponible sur Internet. Une Caterham tout carbone ? c'est
possible ! pour ma part, j'ai déjà pu voir
une Caterham à double moteur (!) ou l'implantation
du bloc 2.0 de la Honda S2000 (240ch !) dans le minuscule
compartiment moteur d'une Caterham. Enfin une petite astuce
pour reconnaître d'un simple coup d'œil une Cat'
d'une S3 : regardez les ailes arrières, si elles
sont bombées alors c'est une S3, si elles sont plates,
alors il s'agit d'une Caterham plus récente.
Le rêve vous tente ? Vous souhaiteriez vous offrir
une Super Seven ? Plus que jamais elle est toujours au catalogue
Caterham, mais il vaudrait mieux habiter en Angleterre pour
profiter de tous les derniers modèles. En France
en 2003, seul le 1.6 Rover est disponible. La version 1.8VVC
a en effet disparu de l'importation après une longue
discussion entre l'importateur français: Le service
des mines français et la Commission européenne
voulaient forcer les artisans à se soumettre aux
exercices de Crash test Latéral. De bonnes nouvelles
quand même puisqu'une version SV arrive en 2004 avec
des moteurs Rover X-power de 140 et 160ch (boite 5). Enfin
la R500 restera un doux rêve pour le français
passionné puisque non homologable (pot ultra-libéré
et fabrication beaucoup trop radicale). Pour finir sur une
bonne note, le chiffre d'affaire de Caterham France est
en constante augmentation, tout comme le nombre de ventes
… comme quoi le plaisir automobile à l'état
brut fait encore des adeptes !
Sylvain Carré
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