zoom sur ...
le châssis
Sur une voiture, beaucoup d’éléments sont primordiaux (genre … les roues, le volant). Parmi ceux-là, il y a par exemple le châssis. On oublie souvent que le châssis joue un rôle prépondérant dans le comportement d’une auto, et dans sa sécurité. On l’oublie peut-être parce qu’on essaie toujours de le cacher par un bon nombre d’habillages (carrosserie, intérieur …). On l’oublie aussi parce qu’on pense souvent que de toute façon, puisque des suspensions sont souples par définition, ça ne sert à rien d’avoir un châssis de rigide…
Sur les light is right, il paraît évident, vu le caractère sportif de ces engins, que les qualités dynamiques de leur châssis doivent être de haut vol … pourtant, des structures comme celle de la caterham/lotus 7 sont loin d’être des exemples, en terme de rigidité. Même du côté de la très actuelle Ariel Atom, des simulations que nous avons menées montrent que la géométrie globale est loin d’être optimale, je ferai un chapitre là-dessus. Bon, le poids très contenu des autos aidant, on reste sur des performances de haut vol, mais au moins ça fait plaisir de savoir qu’il doit rester de la performance à gagner …
Pour choisir le châssis de la BeeTWO, plusieurs types de constructions étaient possibles :
-tôle formée (voitures courantes)
-poutres soudées (spider renault)
-tubes soudés / tôles rivetées (Norma)
-profilés emboités / collés / rivetés (elise/speedy)
-tubes soudés (caterham, ariel atom, …)
-tubes soudés / tôles rivetées (Norma)
-monocoque composite (Veyron
)
Bon, pour une voiture de petite série au prix contenu, le choix est vite fait !
Le châssis tubulaire soudé a l’avantage de demander des bruts de matière de même type (tubes de différents diamètres / épaisseurs). Un autre avantage est la « simplicité » du calcul de sa résistance / rigidité, et la facilité d’optimisation (rajouter un tube là, en dérouter un etc…) … on peut même sur marbre, en soudant le premier châssis, vérifier sa raideur et effectuer les corrections « en live » ! Alors que pour modifier un moule de bugatti Veyron, c’est un peu moins simple …
Reste le choix de la matière … en gros, Alu ou Acier ?
Oui, l’alu est plus léger … mais moins solide, et surtout se soude moins facilement que l’acier.
Le choix s’est donc porté sur l’acier.
Bon, on a les tubes au magasin, on a en gros les principaux éléments : 4 roues, un moteur, une boite, 2 sièges, un volant … reste à relier tout ça !
Quand on regarde les besoins en rigidité du châssis (pour obtenir des performances dynamiques élevées), on a deux fonctions primordiales :
- relier les roues av entre elles, idem pour les roues ar
-> la structure reliant les points d’ancrage des suspensions droits et gauches doit être très rigide (c’est pour ça qu’on rajoute des barres anti-rapprochement sur les voitures « civilisées » pour améliorer le comportement).
- relier les roues av aux roues ar
-> la structure reliant l’avant à l’arrière de la voiture doit être très rigide en torsion
De là on peut dégrossir une première structure, composée d’un « caisson » à l’avant, supportant le moteur au milieu, d’un caisson à l’arrière, supportant la boite, et d’une structure centrale, entre le pilote et le passager, qui doit intégrer l’arbre de transmission entre le moteur et la boite.
en jaune on voit les deux sous-structures, aussi appelées "chaises" ou "caissons"
en jaune l'ensemble de la structure, reliée
attention, tous les tubes ne sont pas affichés ...
La structure tubulaire la plus simple et la plus rigide qui soit, c’est le triangle. Aussi, en simplifiant beaucoup, il faut chercher à « triangulariser » au mieux. Par exemple, à une forme rectangulaire, on rajoute une diagonale pour obtenir deux triangles … si c’est pas encore assez rigide, on met encore une diagonale qui croise la première, et on a 4 triangles ! Le tout est de ne pas en mettre partout non plus. Et pour ça, il faut de l’expérience (« imaginer » comment le châssis se déforme, et où il faut renforcer), de l’intuition, beaucoup d’essais en simulant sur ordinateur, dont les méthodes de calcul peuvent reproduire presque exactement le comportement d’un châssis sous l’effort.
En plaçant les tubes, il faut aussi faire attention, par exemple, à ne pas traverser le dossier du siège, bon ça c’est évident, mais des fois on peut se retrouver avec un réservoir indémontable, un moteur qu’on ne peut pas intégrer (genre sortie de l’arbre de transmission devant un tube du châssis), des roues qui viennent toucher les tubes … bref tout un nombre de paramètres qui font qu’un châssis n’est jamais fini tant qu’on n’a pas intégré tout ce qui va autour !