par senior » Mar Juin 06, 2017 8:18 pm
In : Institut Français du Pétrole 06.06.2017
Une étude qui m'a paru intéressante sur les tribulations des cours du pétrole dans le contexte géopolitique actuel :
Le Qatar en quarantaine
Le cocktail géopolitique, économie et marchés, surtout quand il est explosif, est toujours passionnant. La décision brutale de l'Arabie Saoudite, suivie par les Emirats Arabes Unis, l'Egypte, le Yemen et Bahrein, de rompre toutes relations diplomatiques avec le Qatar pour le punir de sa proximité avec l'Iran a des conséquences économiques et de marchés majeures.
Le pétrole sous pression
Les 50 dollars sur le brut à New-York que tentent de défendre les Saoudiens depuis près d'un an maintenant se sont encore un peu éloignés. La décision brutale de rompre les relations diplomatiques avec le Qatar pèse sur un marché déjà en proie au doute. Ce qui est fascinant dans ce nouveau développement entre l'Arabie Saoudite et le Qatar c'est qu'on a ce mélange explosif entre la géopolitique, l'économie et les marchés. L'économie car tout vient de cette décision prise maintenant il y a plus d'un an par les Saoudiens de diversifier leur économie, de la rendre moins dépendante du pétrole et notamment d'introduire la compagnie pétrolière Aramco en Bourse, une introduction qui est devenue obsessionnelle.
Décision politique aussi
L'affrontement avec l'Iran revient en force dans le paysage international avec la levée des sanctions et le Qatar qui paie pour ses liens avec l'Iran. Et notamment les 1 milliard de dollars payés à l'Iran et à des mouvements qu'elle soutient pour la libération des otages membres de la famille royale. Mais pas seulement. Pour mener à bien sa nouvelle stratégie économique, l'Arabie Saoudite a besoin des États-Unis et veut profiter de l'opportunité de la présidence Trump. Une présidence farouchement hostile à l'Iran mais une présidence qui peut faciliter le succès des mesures économiques prises par l'Arabie Saoudite. Mais Trump demande en échange une rupture des relations de l'Arabie Saoudite et de ses alliés sunnites avec les mouvements terroristes. Une rupture que refuse toujours le Qatar.
Uun impact majeur sur les marchés
Quel impact pour les marchés ? Si nous étions dans un contexte normal de marchés, la volatilité se serait envolée et les indices auraient plongé. Mais nous sommes dans un contexte d'euphorie où on ne prend en compte que les bonnes nouvelles et où on ignore totalement les mauvaises nouvelles. Donc peu d'impact sur les indices à part celui de Doha. L'impact sera donc principalement concentré sur le marché du pétrole. Et là ça risque de secouer car l'Iran, par mesure de rétorsion, peut perturber l'accord de l'Opep, et la Russie, très proche de l'Iran, peut elle aussi décider de ne plus respecter la réduction de production même si elle vient de s'engager. La tâche de l'Arabie Saoudite, stabiliser les cours du pétrole, devient de plus en plus difficile, et cet affrontement avec le Qatar ne va pas faciliter les choses.