Cet hiver a été le théâtre du jeu des chaises musicales au niveau automobile avec le frère. Il me refourguait sa 508 originellement voiture familiale puis transformé en véhicule pro. L’idée était pour lui de la changer et avoir enfin un vrai véhicule pro. Une électrique était toute destinée pour cet enfoiré de capitaliste aux dents blanches et carnassiers. Son quotidien est fait de nombreux petits trajets périurbains ou l’image comporte une importance toute particulière. Bref, c’était une Tesla ou rien. Quitte à dépenser, autant avoir la plus grosse. Les délais d’attente du modèle S l’ont fait se rabattre sur une 3 en version performance. Elle restera blanche car la moindre option lui fait dépasser une barre fatidique tarifaire qui le prive d’un bonus gouvernemental. Blanches et carnassiers les dents ...
Photo Non contractuelle Le but n’est pas ici de refaire tout le procès de cette auto qui s’est imposé comme une référence et une révolution dans l’automobile comme l’a été l’Iphone a une époque. J’aimerai juste y apporter mon avis éclairé, de dinosaure de l’automobile, intoxiqué au thermique.
Niveau look, plus je regarde ce modèle 3, plus je l’aime. Sur la face avant, le coup de crayon qui rejoint les phares enlaidie la ligne. Mais c’est vraiment la seule erreur stylistique que je regrette. Dans ce paysage automobilistique constitué d’un pourcentage trop important de SUV, une auto basse me ravit. Elle me ravit d’autant plus que j’adore finalement le profil. Les lignes sont simples, lisibles, très passe-partout. Peut-être un reproche pour certain mais c’est un gage de bon vieillissement dans le temps. Sa grande sœur, la S, ne dira pas le contraire.
On peut ajouter aussi 2 points :
- Une auto n’a pas besoin d’être laide pour être un minimum aéro (coucou Prius)
- On n’est pas obligé d’avoir une ceinture de caisse à 4km de haut pour avoir un joli profil
Sur ce dernier point, je reconnais que la vie à bord y gagne. Je ne rechigne pas sur un intérieur légèrement engoncé, taillé comme un costard à l’italienne mais c’est devenu la norme même sur des pachyderme (coucou X6) ou citadine (coucou C3 CrossBack). La Tesla prend à contre-pied la mode et met en avant les qualités qu’offrent une plateforme conçue pour la propulsion à électrons. Et ça ne s’arrête pas là. Le pare-brise est littéralement géant et descend extrêmement bas. On ne voit pas le capot mais ce n’est en rien un reproche. On profite de la route au plus près accentuant les sensations de vitesse. On en reparlera. Le reste de la vie à bord ? J’attendais beaucoup des sièges, surtout avec les appui-têtes intégrés. C’est joli mais depuis l’expérience Porsche, je m’en méfie comme la peste. Ma nuque s’en souvient encore. Dernier point sur l’extérieur et on passe définitivement à l’intérieur : qu’elle est le crétin qui a dessiné les poignées ? C’est indéniablement aussi esthétique qu’incommodant à l’usage. Il faut appuyer avec le pouce un coté de la poignée. Elle pivote ainsi pour faire ressortir la longue partie permettant de tirer la portière. Si vous n’avez pas des mains de géant il vous faudra utiliser la 2ème ! Retour sur l’assise : c’est tout à fait correct. Le maintien latéral se positionne dans la bonne norme et je trouve qu’on a un bon équilibre entre maintien et usage quotidien. La position rentre directement dans la bonne moyenne des berlines. Je trouve que même au plus bas le siège aurait gagné à descendre encore un peu. Mon frère me rejoindra sur ce grief. Mais pour le reste c’est tout bon. Tout se règle électriquement pour s’adapter aux morphologies. Truc de g33k et gros ricain : lors de l’arrêt du véhicule, le volant et le siège se reculent pour faciliter la vie à bord. Désolé pour les adeptes mais je trouve ça pathétique. Le volant possède un diamètre inférieur à la moyenne je pense. Un petit plus pour le toucher de route. Le reste de l’intérieur ? Le débat sur le grand écran ? RIEN A FOUTRE. Contact, un coup de commodo derrière le volant et on s’élance. Je commence vraiment à m’habituer au silence royal des électriques. Ma chérie à coté de moi ... moins. Je sors du chemin privé pour m’élancer sur la départementale. La visibilité est merdique à cette intersection et il ne faut pas hésiter à foutre le pied dedans pour ne pas subir une sodomie impromptue. Je me lance, doucement ... et POWERRRRRRR ! Je colle l’accélérateur directement au plancher. Avec ce petit sifflement la tesla déploie toute sa puissance, passée au sol avec une aisance hors norme. Madame a côté, hurle « FREINE, FREINE !!! » Putain, 7 ans de vie commune pour qu’enfin je lui fasse vraiment peur en bagnole ! « Mais chérie, on est à 92Km/h ». Quand je lui ai dis que les accélérations étaient violentes, je crois qu’elle ne m’écoutait pas ! On reprend sons souffle et je remets les « gaz ». A la relance, les accélérations passent plus aisément. La linéarité et fort probablement un peu de tricherie de la part de Tesla pour ménager le tout impressionnent moins. Lors de la conduite paisible, on se prend vite au jeu de ne jamais freiner. Le frein régénératif offre une décélération bien suffisante pour le quotidien. Une fois passé les 2 ou 3 routes de merde, j’attaque un peu plus fortement. Psychologiquement, c’est toujours difficile pour moi de me dire qu’il n’y a pas besoin d’attendre que la mécanique chauffe. J’appuie, la tesla s’élance bien au dela du panneau 70. Elle m’impressionne. La consistance de la direction se place dans le haut du panier. Assez lourde, pas trop aseptisé, un volant petit et une crémaillère assez directe permettent d’enrouler facilement. On revient au parebrise. Il descend tellement bas, que l’on a l’impression que la route défile juste sous nous (bon ... c’est le cas ! ). A chaque virage, la corde se distingue facilement et je n’ai pas eu les couilles assez bien accrochées pour tenter le diable. Elle enroule la bougresse. Elle ne se lasse pas. Le poids se feraient presque oublier. Seuls les changements d’appuis rapides trahissent son embonpoint. Le frein est plus difficile à appréhender. La régénération se place comme une force constante quelle que soit la vitesse. Par conséquent, à haute célérité, pas de gène, on tape dans les freins comme une thermique. Plus lentement il faut composer. Avec le temps, je pense que c’est un point avec lequel on s’habitue. Mais 20 ans de conduite sans ce frein moteur entache mes habitudes. Finalement cette Tesla se positionne comme une super GT. Je n’ai pas omis de parler du confort car il m’a quelque part bluffer. Je partais vraiment avec un a priori de quelque chose de tape-cul ; la monte de 20 ou 21 pouces n’y étant pas étrangère. L’amortissement offre un confort que j’apprécie. Légèrement ferme sur les premiers rebonds puis en douceur par la suite. On évite ainsi la destruction de reins sur nos trop nombreux dos d’âne. En revanche, sur le point du silence de roulement, Tesla avoue sa jeunesse dans cette maitrise. Si à basse vitesse le nombre de dB allège les oreilles, à haute vitesse, il y a du progrès à faire. Mais lorsqu’il est temps de faire joujou, on s’en fout et la 3 sait mettre en avant ses prouesses. Elle ne maltraite pas son conducteur mais le propulse de virage en virage avec une aisance incroyable. Pas de lag, pas de rapport trop long à tomber. Elle est là, tout le temps et avec cette adhérence à l’accélération toujours aussi effroyable. Je ne sais si couteau entre les dents, elle perdrait de sa superbe, mais à emmener dynamiquement, elle dévore le bitume. Je craignais que sa trop grande précision soit un frein au plaisir. Mais non, je n’ai pas honte, j’ai adoré avaler le bitume avec.
Pour conclure, il faut remettre l’église au milieu du village sur un point encore non évoqué ici : ce genre de véhicule se marie parfaitement à une utilisation quotidienne. Ceux qui affirment le contraire sont menteurs ou de mauvaise foi. Même des bons de 200 ou 300km se font sans soucis avec les bornes actuelles. Seules les très longues distances ou certains cas particulier sont encore sur la touche : si tu veux tracter passe ton chemin. Autre point : à moins de s’amuser à faire rugir sont 8 cylindres tous les jours, l’électrique offre un confort de conduite bien différent mais tout à fait supérieur à n’importe quelle thermique. L’instantanéité, le silence, l’absence de rapport ... Je ne renie pas le thermique qui m’amuse énormément. Mais si on recherche du multi cylindres pour son onctuosité, l’élec l’écrase sans aucune tendresse. Reste qu’organiser un roadtrip comme nous le faisons me parait encore difficile. Il est certain qu’à envoyer comme je l’ai fait, l’autonomie ne doit guère atteindre les 300km. Autre point qui me chagrine : l’adéquation de ce genre d’auto avec nos besoins écologiques. Si par bonheur on rechignait sur un peu de confort et de sécurité, l’auto pourrait offrir meilleur CX et poids. Ca éviterait d’embarquer une batterie bien trop grosse par rapport à nos besoins. Mais c’est un tout autre débat.