par sebdavid » Dim Juil 17, 2022 4:06 pm
Je suis content que ça ne soit pas tout le monde, mais je suis ahuri de voir certains commentaires ici. J'ai eu l'impression de me retrouver sur le forum "myTGD" avec des fans inconditionnels qui n'acceptent pas qu'on fasse la moindre critique de leur héros.
Je ne sais pas qui sur le forum a déjà coaché régulièrement. Je ne me prétends pas le meilleur pilote du monde, la compétition (sport méca ou autre) ça apprend l'humilité, même à moi.
Mais j'ai passé beaucoup, vraiment beaucoup de temps sur le siège passager à coacher des gens de tous types de profils sur tous types de voitures, et c'est loin d'être facile.
Déjà, la pédagogie, à la base c'est un défi, mais quand on doit tout condenser en quelques mots, alors que le pilote travaille déjà pratiquement au maximum de ses capacités mentales, alors que tous les deux sont ballotés par des forces G parfois importantes (selon le niveau et la voiture), et surtout alors qu'il y a un élément de danger, physique mais aussi de plier la voiture, c'est vraiment un défi.
Si en plus on a l'habitude de débutants qui font de brefs stages "plaisir", que c'est la voiture de la société et qu'il y a donc un enjeu financier non seulement sur le crash potentiel mais aussi sur l'usure de la mécanique, qu'on a à côté de soi un Youtubeur qui d'entrée annonce qu'il a fait de la compétition en Caterham et qu'il "n'est pas pilote professionnel, mais [qu'il] roule", et qu'on détecte tout de suite plus d'ambition que de capacités, eh bien c'est tout à fait normal qu'on entre en mode "safety" pour s'assurer de revenir à la pitlane sans bobo.
Au premier visionnement, je n'ai rien remarqué d'anormal (alors que les mauvais coaches me sautent aux oreilles habituellement, ayant fait de la formation d'instructeurs aussi). En lisant certains commentaires, je me suis dit "OK peut-être qu'il était un peu trop sec dans son ton, pas suffisamment d'encouragements positifs", mais en regardant une deuxième fois, pas du tout: dès qu'Erwan suit ses conseils avec succès, il y a confirmation positive, et les instructions sont simples et claires.
On pourrait éventuellement être un peu critique sur le timing: mieux vaut donner un conseil sur le virage qui arrive plutôt que faire l'autopsie de celui qui vient de passer, mais même là pas sûr car ils ne semblent faire que très peu de tours ensemble, et ça demande d'en faire plusieurs pour prévoir et prévenir les erreurs à l'avance.
Extrêmement difficile de juger le pilotage de quelqu'un sur vidéo, surtout dans une voiture et sur un circuit qu'on ne connaît pas, et sans aucune acquisition de données. Je me garderai donc bien de juger le pilotage de TGD et je me fie au mec sur le siège passager et qui fait ça toute la journée: s'il intervient aussi immédiatement, c'est qu'il y avait réellement besoin d'ajustements.
Quand tout se passe bien et qu'il n'y a besoin que d'ajustements mineurs, on reste plutôt silencieux et on commence à donner des conseils ou faire des commentaires positifs après plusieurs virages ou quelques tours.
C'est quand il y a des lacunes importantes, surtout du type qui peuvent mettre en danger, qu'on commence tout de suite à donner du feedback. Ou alors quand on a affaire à un débutant complet, et là c'est flot ininterrompu d'instructions au début, qui ralentit peu à peu au fur et à mesure de la progression des premiers tours/sessions.
Aux USA/Canada, chaque club gère la formation de ses instructeurs. Le résultat, c'est qu'il y en a beaucoup et qu'ils sont la plupart du temps bénévoles (par exemple avec les club BMW/Audi, vous avez systématiquement un coach pendant plusieurs journées de roulage, jusqu'à ce qu'il y en ait un qui estime que vous pouvez graduer dans le groupe avancé et vous passer d'instructeurs), mais que leur qualité varie beaucoup, selon leur degré d'engagement et la formation reçue.
En France, c'est un diplôme d'État, énorme investissement de temps, ce qui fait qu'il y a très peu de coaches et qu'il faut les payer (à ma connaissance aucune organisation ne fournit un coach à chacun des pilotes inscrits), mais que le niveau minimum des instructeurs est excellent.
Deux écoles, avec avantages et inconvénients de chaque côté, mais le résultat c'est que beaucoup de pilotes n'ont jamais eu de coach, ou très peu, ce qui explique certains commentaire ici, et qui explique aussi certaines choses que je vois sur les circuits français/européens: comportements plus que limite et beaucoup de crashes (alors qu'ici c'est très rare, ça se limite généralement à 2-3 sorties de piste, avec retour à la pitlane pour explications, et les rails restent la plupart du temps vierges).
D'un autre côté ça a tendance à rouler plus vite/plus fort en France, because pilotes moins sur la retenue (et aussi parce que les routes françaises forcent à être meilleur conducteur qu'en Amérique du Nord).
Je me rends compte que je viens d'écrire un sacré pâté. En bref, critiquez pas l'instructeur, c'est super dur en vrai, surtout dans cette situation particulière, et à mon avis (que je pense qualifié), il fait du bon boulot.