par I-borb » Lun Avr 17, 2023 4:04 pm
Ce WE je suis passé chez l'ami Epicure. Moment propice pour consacrer un peu de temps à l'Exige. Par le passé, j’ai eu la critique facile face à cette auto. Si mettre un moteur noble dans le 111 semblait une bonne idée, le résultat final me laissait sur ma faim. D’un point de vue purement esthétique, j’aime tellement les Elise S2 que l’Exige V6 semblait être sa frêle petite sœur mais ayant un gout trop prononcé pour le pâté ; la balance démontrant la même tare. Passé de moins de 800kg sur la S1 à proche de la « tonne deux », il fallait LIR entre les lignes. L’explication était facile à trouver mais la pilule difficile à avaler. Le V6 de Camry n’avait en rien été développé pour la légèreté. Si pour le regain de puissance en conservant le velouté du V6 l’ajout du compresseur était tout indiqué, il venait largement ankyloser l’ex-ballerine. Je reprochais aussi l’incapacité de Lotus à faire évoluer le 111 qui reste définitivement pénible pour l’accessibilité. Je ne demande pas un accès pour PMR mais ces pontons sont une plaie. On en reparlera ! Il reste aussi multitude de détails : les serrures de Renault 5, c’est super chiant. Trouver une trappe à essence qui ne reste pas dans tes doigts ... un minimum de pratique sans poids. Franchement, le coffre en carbone sans vérin ?
Le modèle a bien évolué et dans le bon sens. Cette 410 en jette. Son survet’ Sergio Tacchini lui va à merveille. Dans cette livrée bleu, sa profusion de carbone et quelques touches rouges, elle ne laisse pas indifférente. Finalement, même gonflée à la testo, l’Exige demeure une petite auto.
Vient le moment tant attendu de s’installer à la place du mort. Mais avant, il était impératif de s’exploser le genou dans la jointure entre pare-brise et toit afin d’éviter ce foutu ponton. Manifestement, douleur inutile car la trace de ma chaussure démontre un évitement loupé ! Si l’intérieur à évoluer qualitativement, je ne suis pas dépaysé. Un 111 ça reste un 111 même quand ça s’appelle 116 par exemple! On se lance et Epicure chauffe la mécanique en jouant énormément du joystick. Le V6 se fait particulièrement discret. Coté confort je retrouve ma Donk. Il y a un compromis excellent entre lecture de la route et amortissement. Je pense que la Lotus excelle même plus sur ce point. Mécanique chaude, Epicure a discrètement appuyer sur le bouton magique. Gaz ! Le feulement minimaliste du V6 se transforme un hurlement effrayant la campagne. Les notes sont justes mais les dB ahurissants. Je pense que chez Lotus, ils ont retrouvé un transfuge de chez TVR avec pour commandite « c’est la dernière, c’est open bar ». Je me demande si feu ma 350Z n’était pas plus timorée. C’est dire !
Je prends le volant pour un micro-essai. Si la position de conduite frôle l’excellence, elle reste en deçà de la Donk qui a tous mes honneurs. Je reprocherais juste le pédalier décalé sur la droite et un volant un peu trop éloigné . C’est histoire de pinailler. Vous noterez que malgré le handicape du volant, mes genoux sont restés intacts cette fois. Il est grand temps de se rabibocher avec cette Lotus et de confirmer les ressentis en sac de sable. Bordel, que le volant est lourd ! Roule, ça va aller ! Première : ça m’a l’air bien guidé cette joyeuseté. Dès les premiers mètres je retrouve le 111. Il y a d’abord ce toucher de route que l’on ne retrouve presque nulle part. Le V6 n’intimide pas une once. La force tranquille aurait dit le slogan. Réflexe de Donk, j’appuie fond de cale afin de charger le turb ... qui n’existe pas. Le V6 t’emmène généreusement sans brancher à une limite qui arrive bien trop tôt finalement. Heureusement, pas de PIWI Porsche ici car j’ai bien trop souvent claqué l’aiguille du compte tour dans les jambes d'Epicure. Il faut que je m’y fasse. Mais quel son ! Et finalement à l’instar de son proprio, je me mets à jouer avec le bâton magique : 2 – 3 – 4 – 3 – 2 ... Mais c’est que c’est drôle ce truc-là ! Si j’étais sardonique, je dirais que c’est dommage d’avoir attendu 20 ans (30 ?) pour avoir un guidage digne de ce nom. Le levier de vitesse est décidément aussi beau qu’agréable à manier. L’Exige invite à la conduite. La direction tantôt lourde retrouve sa légèreté qui trahit la position du moteur. Le premier degré d’inscription est immédiat. C’est la force du toucher de route Lotus : une telle immédiateté qui annihile toute sensation de surpoids. La Donk garde son côté lourd quelle que soit la vitesse. Il ne sera pas question ici de jouer plus que de raison. Je ne m’amuserais pas à titiller les limites. J’y ai retrouvé ici une super Elise. Toucher de route RAS. Pousser folle : checked. Reste un point sacré que j’ai toujours exécré : comment se comporte le cul-cul à la limite ? J’ai toujours eu peur de ce châssis pour une seule raison mais double. L’arrière a toujours eu une tendance à lâcher prise violemment. L’effet est d’autant plus traitre que la position centrale du « pilote » ne permet pas une lecture rapide du décrochage contrairement à une cat’ où ton séant est sur l’essieu arrière. Il parait que cette Exige et son empattement gracieusement allongé à totalement gommé cet effet. Je l’espère car elle donne envie de jouer et offre une expérience de conduite incomparable. On a tous les bons côtés de la modernité et le charme de l’ancienne : une auto connectée à la route (avant votre réseau GPS) mais avec le plaisir de devenir totalement vivable sur long court grâce à l’échappement actif ainsi que les suspensions superbement calibrées.
Reste à savoir si cette Exige remplacerait la Donk ? Réponse de normand : oui mais non. Si on regarde les choses points par points :
- Coté moteur c’est vainqueur par KO de l’anglaise. Le velouté, le son ... l’AUM déclare forfait. Cependant j’aime le contraste qu’offre l’alliance d’un moteur turbo avec le light. Un light par définition doit être une petite chose fragile qui fait peur et dont le coté scalpel permet de rivaliser avec les grands. Le turbo, c’est un couperet voire une hache. Ça n’a rien à faire là mais parfois effeuiller du bœuf de Kobet à la hache ça doit faire marrer (Imaginez la scène avec Clarkson, ça fera rire)
- A vivre au quotidien. Si au premier abord, avoir une auto fermée rassure sur la praticité, je me demande si la Donk ne demeure pas plus pratique ? Déjà l’installation à bord capote mise c’est kifkif. Enlevé, c’est super facile. Une fois à bord, tu n’éclates pas ton voisin à grand coup de coude. Le coffre est accessible depuis l’intérieur. Il est lui-même une soute vis-à-vis de la taille de l’auto et les pressions ne sont pas beaucoup plus pénible que l’ouverture par poignée déporté de l’anglaise et de l’absence de vérin. En revanche la Lotus a pour elle l’autoradio et la clim’ ! Régulateur de vitesse ?
- Sur la route à la cool je crains de péter un truc avec la Lotus. Quand tu vois l’interstice entre la superbe lame carbone et le sol, t’as peur. Mais moins que quand tu vois le prix !
- Perf ? Franchement à ce niveau, je m’en fous comme mon premier vaccin (salut Manu). Je pense que la Lotus doit être au-dessus mais ... Aucune utilité de débattre devant tel cheptel. Ce ne serait pas leur rendre grâce ?
- Look ? Oué mais non ... oki ... ma Donk. Ce capot de Batmobile et finalement de gros jouet me laissera toujours rêveur. Ça n’a pas la pureté d’une auto carrossée. Mais je préfère. Je la regarde toujours comme mes majorettes étant gamins.
Est-ce qu’il me faudrait les 2 ? Je ne crois pas. En fait, ça me rend d’autant plus curieux de connaitre le ressenti le Evora 410 ... vraiment TRES !