Vous en « rêviez » : le gouvernement l’a fait. Le malus va être grosso modo doublé pour les voitures émettant plus de 150g de CO2.
Incroyable de prendre une décision aussi aberrante !!
Et pas d’arguments « c’est déjà pareil chez nous » : un tel nivellement par le bas (ou le haut du portefeuille) est inacceptable. (re
)
L'article ci dessous synthétise très bien cette aberration
Source le point.fr 01.10.2012
La loi de finances pourrait introduire une taxe dissuasive sur le haut de gamme. Une condamnation définitive de la voiture française en résulterait.
Un haut de gamme français ? La loi de finances 2013 se chargera en effet de dissuader tout achat de cette voiture par un Français.
•S'il y avait encore une chance que la construction française renoue avec le haut de gamme, les parlementaires appelés à examiner la loi de finances 2013 risquent bien de faire voler en éclats ce dernier espoir. À compter du 1er janvier prochain, le malus devrait en effet, selon le projet s'il est adopté en l'état, doubler pour les voitures émettant plus de 180 grammes de CO2. De quoi sont-ils coupables ? À ces niveaux d'émission, ils consomment l'équivalent de 7,65 l aux 100 kilomètres pour un modèle essence et 6,80 l pour un diesel. À coup sûr, des voitures de mauvais Français dans l'esprit du législateur. Défense de l'environnement ? Cela ne peut convaincre que des écolos en rupture du principe de réalité, car, ce faisant, on encourage le diesel qui émet, malgré de réels progrès, toujours plus de particules fines que l'essence. L'exemple même d'une mesure contre-productive, désastreuse pour la qualité de l'air des villes.
Au-delà de cette mesure vexatoire, ce que le gouvernement français veut protéger, ce sont les constructeurs nationaux. Dans l'état actuel de leurs catalogues, ils ne vendent aucune voiture au-delà de 180 grammes, même lorsqu'ils en ont encore une dans leur gamme, pour les seuls marchés d'exportation. Qui voudra en effet en France, après avoir déjà acquitté la TVA sur le prix d'achat, ajouter un malus "écologique" porté à... 2 600 euros ? Et les tranches inférieures ne sont guère épargnées puisque, si l'on acquitte 400 euros de 145 à 150 g, l'addition passe à 1 000 euros de 150 à 155 g (voir tableau). Plutôt salée. Exprimée en chevaux fiscaux, c'est à peu près la même chose.
Au-dessus de 150 g, pas de salut
Dans les catégories plus élevées, une voiture de standing, mais cela peut être aussi un 4 x 4 ou un monospace, tous les deux pénalisés par leur poids et leur taille, il faudra régler 3 000 euros et jusqu'à 6 000 euros pour les plus gourmandes. Si déjà ces voitures payaient le prix fort auparavant, la différence est qu'un vrai clivage serait établi au-delà de 150 grammes et aggravé à partir de 180 grammes. Renault, qui compte relancer en 2014 avec l'aide de Mercedes, les successeurs de l'Espace et du Vel Satis, peut rengainer ses projets. On peut difficilement imaginer en effet qu'il les maintienne pour la seule exportation alors qu'il n'aurait plus aucune légitimité sur son propre marché.
Ce n'est pas la première fois que l'exécutif, gauche comme droite, croit protéger l'automobile française, souvent à la demande des constructeurs. Le résultat ? Les constructeurs français ne produisent plus de voitures haut de gamme, les seules qui dégagent réellement de la marge, sans parler de l'image. Faute d'argent, ils n'innovent plus. Du moins pas autant que leurs concurrents. Des exemples ? Qui a inventé le diesel common rail ? Les Italiens. La boîte double embrayage ? Les Allemands. Les phares au xénon ? Encore les Allemands.
Plus grave, les Allemands et les Italiens ont lancé de petits moteurs à essence dont ne pourront plus demain (2015) se passer les petites voitures avec les nouvelles normes de pollution Euro 6. Renault et PSA, toujours très déterminés sur le diesel, viennent tout juste de présenter leurs trois cylindres essence, alors que ronronne déjà une moteur deux cylindres chez Fiat, la désactivation de cylindres chez Volkswagen, le downsizing très poussé et quasi généralisé chez Ford.
Minimum français contre premium étranger
Et si les constructeurs français n'ont plus assez d'argent pour innover, ce n'est pas tant en raison d'un coût du travail plus élevé de ce côté-ci du Rhin. Il l'est certes, puisque l'Allemagne est au 6e rang mondial (sur 144, selon une étude du World Economic Forum) en matière de productivité et la France 21e. Mais la main-d'oeuvre n'entre que pour 9 % dans le coût de fabrication d'une voiture...
La seule solution, c'est la montée en gamme. Les marques "premium" l'ont bien compris et Jaguar comme Range Rover, repris par Tata, persistent et signent avec un succès reconnu. Les Anglais qui, eux, aiment l'automobile l'ont bien compris. Certes, presque toutes leurs marques sont aujourd'hui détenues par des capitaux étrangers, mais les usines sont en Grande-Bretagne. Or, il ne s'agit que de marques de prestige, les autres ont disparu. Mini n'est même pas une exception : BMW en a fait une voiture haut de gamme.
L'Hexagone des autophobes
Un haut de gamme, nos technocrates l'ont oublié - l'ont-ils jamais su ? -, c'est d'abord un modèle susceptible de recevoir de gros moteurs performants, diesel et essence, ne serait-ce que pour l'exportation, même si l'essentiel des ventes se fait sur des motorisations plus modestes. C'est vrai aussi en Allemagne : Opel, qui n'a pas autant travaillé sur les moteurs que ses concurrents germains, a du mal à percer dans le créneau élitiste. Le problème, c'est que l'exportation s'appuie toujours sur un marché intérieur dynamique. Or, qui achèterait un haut de gamme français, à considérer qu'il existe un jour, compte tenu du manque d'image et d'un prix qui, du fait du malus, se sera rapproché de celui de ses concurrents allemands ou italiens ?
Et puis, en France où les autophobes sévissent sans frein, on a tout fait pour détourner les gens de l'automobile : multiplications des radars, réduction de l'espace urbain, prix des carburants et des péages, accent longtemps mis sur la vitesse au volant plutôt que sur l'alcool comme cause numéro un des accidents, on pourrait multiplier les exemples. Rien de tel bien sûr en Allemagne qui, en d'autres domaines, est toujours la base de comparaison de nos politiques. Pour l'automobile, elle inspire moins, alors que l'on devrait analyser les succès planétaires de BMW, Mercedes, Audi, Porsche pour les répéter chez nous.
Résultat, faute d'investissements, les constructeurs français ont de plus en plus de mal à vendre, y compris leurs petites voitures, de plus en plus concurrencées par les Coréennes. Décrié par Arnaud Montebourg, le niveau de productivité de ce pays n'est pourtant guère meilleur qu'en France, au 19e rang, selon le classement du WEC. Tandis que l'automobile allemande, notamment le haut de gamme, est florissante, la nôtre risque, à force d'aides et de subventions, de rejoindre ce que le charbon, le textile et l'acier sont devenus avant lui : une industrie condamnée.
"l'Empire d'Essence" de J. Klaxon aux Editions Catbert