Salut à toi Juilletiste désoeuvré ! Soit tu restes à te gratter les glaouis devant ton bol de café, soit tu te cultures pour briller à l'apéro. Bisous
OUEST-FRANCE - Édition du Soir Vendredi 10 Juillet 2020https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/98998/reader/reader.html#!preferred/1/package/98998/pub/145323/page/13 Yannick Dalmas, le très discret pilote qui a remporté quatre victoires aux 24 Heures du Mans
Par Guillaume NÉDÉLECHéros méconnus du sport (1/8). Au Mans, gagner une fois n’est pas aisé, alors le faire plusieurs fois, c’est déjà un exploit. Dans les années 1990, le Français Yannick Dalmas, lui, s’est imposé à quatre reprises, mais avec quatre constructeurs différents, et des voitures à chaque fois légendaires. Et dans une discrétion qui lui est propre.
Yannick Dalmas est un personnage discret. Presque timide. La lumière, très peu pour lui. Pourtant, son palmarès en sport automobile pourrait lui attirer les projecteurs. Mais Dalmas ne les cherche pas. Ses quatre victoires au Mans, son titre mondial d’endurance, et bien avant sa carrière en F1... il ne manque pas d’y reconnaître l’impact du soutien de ses proches, « mon père, qui m’a inculqué des valeurs fortes, une rigueur à l’entraînement. Jean Todt, qui m’a confiance chez Peugeot, et aujourd’hui à la FIA… » D’une voix douce, teintée d’un léger accent du sud, celui qui officie désormais à la Fédération internationale de l'automobile (FIA), comme conseiller sportif, reste toujours d’une grande humilité.
Pourtant, Yannick Dalmas a marqué l’histoire de l’Endurance, et des 24 Heures du Mans. Comme Henri Pescarolo ou Olivier Gendebien, il fait partie du club fermé des quadruples vainqueurs au Mans, avec une différence sur ses pairs : Dalmas s’est imposé avec quatre constructeurs différents, sur des voitures toutes aussi mythiques : Peugeot 905, Dauer-Porsche 962, McLaren F1 GTR, et BMW V12 LMR.
Au début de sa carrière, pourtant, Yannick Dalmas ne se destine pas forcément au sport automobile, certes né au Beausset, près du circuit de Castellet, dans les années 1960, le Français court en Enduro moto, sous la houlette de son père. « Avec lui, j’ai acquis une grande rigueur dans mon entraînement, ma préparation, explique-t-il. Que ce soit par la pluie, le froid, le chaud, c’étaient des entraînements presque quotidiens. Il y en avait beaucoup, c’était sérieux. Et cette éducation, je l’ai prolongée en auto. Dans toute ma carrière, ça a été la clé. Je montais dans la voiture, j’en descendais, j’étais vraiment affûté. »
Yannick Dalmas et Hugues de Chaunac. (Photo : Frédéric Laguet / Ouest-France)
Pourquoi se préparer avec précaution, comme cela ? « On ne peut pas se permettre de ne pas être au point à haut niveau. Si un jour, vous rentrez dans une top équipe, vous n’avez pas d’excuses, précise-t-il. Il ne faut pas en chercher. Les « j’ai mal dormi », « je n’ai pas ci, je n’ai pas ça », tu ne peux pas. Tu te tais, et tu bosses le mieux possible. C’est comme cela que l’on m’a éduqué. »
Premier succès chez Peugeot
Son sérieux, sa préparation, associé à une jolie pointe de vitesse, lui font monter les échelons. Après avoir remporté la Formule Renault, il se fait repérer par Hugues de Chaunac, le patron de l’écurie Oreca, brille en F3, puis en F3000. L’ancien pilote Gérard Larrousse, qui a fondé son équipe, lui propose de piloter en Formule 1. Dès lors, il passe quatre ans en catégorie reine. Pendant quatre ans, il roule pour Larrousse et AGS, mais avec des monoplaces de fond de peloton. En 1991, il décide de ne pas repartir en F1, et de filer chez Peugeot, qui lance son programme en Endurance, avec la prometteuse 905.
« Quand j’ai quitté la Formule 1, je suis rentré dans une structure, Peugeot, qui était énorme. Ce qui était impressionnant, c’était le nombre de tests de développement, à la fois pour le Championnat du monde et la préparation des 24 Heures du Mans. Ce fut énorme, on a fait des milliers de kilomètres. C’est un travail assidu et quasiment continuel. C’était top. Moi, j’en garde un très grand souvenir parce que vous exercez votre job à 100 %, quasiment toutes les semaines. Donc ça, c’est vraiment beaucoup, beaucoup de plaisir. »
La Peugeot 905, voiture avec laquelle Yannick Dalmas s’impose en 1993. (Photo : Ouest France)
Ayant la confiance de Jean Todt, Dalmas s’implique dans cette voiture qu’il fait évoluer. Sous le capot de la Peugeot, un V10 au son strident. Et un potentiel qui la rapproche d’une F1 de l’époque : « Au fur et à mesure que la voiture devenait performante, eh bien, elle se rapprochait de plus en plus d’une Formula. Les voitures devenaient de plus en plus performantes. »
Dès 1992, Peugeot s’impose, et Dalmas s’offre le titre mondial d’Endurance, mais c’est en 1993, qu’il connaît son heure de gloire en Sarthe avec deux jeunes : Christophe Bouchut et Eric Hélary. « 1993, c’est la victoire. C’est la victoire de toute une équipe. Et il est vrai que, on l’oublie souvent, mais derrière les pilotes, s’il n’y a pas le bon manufacturier de pneus, les motoristes, les ingénieurs et mécaniciens, on ne peut pas gagner. Chaque personne dans l’équipe a un rôle considérable. »
La Peugeot 905, voiture avec laquelle Yannick Dalmas s’impose en 1993. (Photo : Ouest-France)
Cette première victoire reste spéciale à ses yeux : « On construit bien sûr la course durant toute la semaine pour les 24 Heures du Mans. Et puis on entre dans la course. On est un peu isolés du monde, et en même temps on est concentrés à 100 %. Si vous voulez tendre vers l’objectif, on ne parle pas de victoire. Au début de la course, c’est surtout le côté stratégique qui prédomine, le fait de faire son job. »
Puis vient le moment de l’arrivée. D’autant plus fort quand on s’impose : « Et oui, c’est un immense honneur lorsque vous passez le drapeau à damier. Forcément, c’est beaucoup d’émotions et de plaisir. Mais vous êtes comme spectateur, c’est un petit peu décalé dans le temps, dans la mesure où on s’en rend compte réellement quelques minutes, quelques heures après de tout ce travail qui a été effectué avec l’équipe, avec vos coéquipiers. »
Le projet Dauer Porsche, en 1994. (Photo : DR)
L’année suivante, après l’arrêt de Peugeot, Dalmas passe chez Porsche. Victoire là aussi, sur une voiture particulière, la 962. Il fait alors équipe « avec un peu moins de moyens », avec des pilotes incroyables. Hurley Haywood et Mauro Baldi dans son équipage, et Hans Joachim Stuck, Thierry Boutsen et Danny Sullivan sur la voiture sœur. Ils battent alors l’équipe Toyota, où l’on retrouve des pilotes de la trampe de Wollek ou Irvine. Il refait aussi un passage en F1, pour deux Grands Prix.
La Porsche 962 au Mans, en 1994. (Photo : DR)
Victoire surprise en 1995
En 1995, Dalmas est engagé sur une McLaren F1. Une voiture qui n’est pas faite pour jouer la gagne. « La voiture était performante, mais pas autant qu’un prototype. Il y avait Murray, Letho… On a beaucoup travaillé sur la voiture, et puis, pendant la course, c’était l’enfer. Il a plu 19 h sur les 24 heures de course. On était tendus, on se faisait trois ou quatre frayeurs à chaque tour. Mais ça a nivelé les performances avec les prototypes, et on a gagné. »
Sous la pluie, Dalmas impose la McLaren F1 en 1995. (Photo : McLaren)
Une victoire à l’endurance sans faire d’erreurs. « Il y avait une visibilité extrêmement réduite et des vitesses très élevées. La voiture avait bien fonctionné. On a fait attention à ménager certains organes, particulièrement la boîte de vitesses. La commande de boîte était très fragile, avec un système de câble. Avec la chaleur, le câble se déformait, et changeait la course du levier de vitesse. »
La course du siècle
Quatre ans plus tard, c’est sur une BMW qu’il s’impose. En 1999, c’est l’édition du siècle, comme on la surnomme encore aujourd’hui. BMW, Mercedes, Toyota, Nissan, Audi, Panoz… De nombreuses voitures peuvent jouer la gagne. « C’est la seule victoire du BMW, mais c’est aussi une victoire sur la course. C’était la course du siècle, la folie aussi. Il y avait beaucoup de constructeurs. Je crois qu’il n’y en a jamais eu autant. »
Dalmas remporte sa dernière victoire en 1999 avec BMW. (Photo : AFP)
Tout le monde essaye de tirer son avantage en début de course. « Les premières heures, c’est un Grand Prix de Formule 1. C’était de la folie. Tout le monde était à fond la caisse. » Il insiste : « À fond la caisse. Je l’avais dit tout au long de la course : Il faut qu’on me ménage un peu les voitures. Au vu de la « maltraitance » entre parenthèses, que l’on infligeait aux voitures, ça n’allait pas tenir 24 heures. On s’est tenu à cela. »
Yannick Dalmas, en 1999 (Photo : Daniel Fouray / Ouest-France)
Devant, ça s’accroche, ça sort de la route : « il y a eu des crashs. Oui. Des crashs violents. La Mercedes qui s’envole… Thierry Boutsen (Toyota), à l’amorce de la Dunlop, s’accroche avec une voiture. Il y a eu beaucoup de voiture de sécurité, car ce fut une course particulière avec plein de rebondissements. Mais le niveau, c’était la guerre. Franchement, ça attaquait de tous les côtés dans la première minute, jusqu’à la dernière minute. » Puis la victoire.
Dalmas remporte sa dernière victoire en 1999 avec BMW. (Photo : archives AFP)
Dalmas pilotera encore trois ans au Mans, avant de s’arrêter, en 2002. « Cela faisait une trentaine d’années que je pilotais en sport automobile. Cette année-là, je pilote une Audi, et j’ai un gros crash. Je m’envole dans les Hunaudières, et par chance, je retombe sur les roues. Le lendemain, la voiture est réparée et je n’avais plus confiance. C’était la première fois que ça m’arrivait. Et je n’avais pas envie de ça. Rouler pour rouler ne m’a jamais vraiment intéressé. »
Depuis, Dalmas n’a pas quitté le sport automobile. Aujourd’hui, il conseille la FIA sur le Grand Prix de France et les 24 Heures du Mans. « J’aime ce rôle parce que c’est aussi des responsabilités. On fait partie d’une équipe. C’est passionnant. »
Merci Puff Ô toi grand culturant