Sylvain de Vulcan Mag a écrit:Cela fait 3ans que VULCAN a démarré. C'est le moment de faire un bilan, LE gros bilan en réalité. Du coup je prends le temps de vous expliquer, pour ceux que ça intéresse.
Déjà, manifestement, le magazine est toujours vivant et c'est déjà une victoire. Dans toutes mes aventures professionnelles j'ai été fidèle à deux principes : toujours dire la vérité et toujours terminer ce que j'ai commencé. Pourquoi ?
Tout d'abord il n'y a rien de plus solide que la vérité. Une fois révélée, on peut s'appuyer dessus. Elle constitue la fondation des édifices les plus hauts.
Ensuite, toujours finir ce qu'on a débuté, c'est faire la preuve qu'on est fiable et digne de confiance. Or générer de la confiance constitue la base de tout business.
Bilan des 3 ans ? Les résultats sont mitigés. Je n'ai pas vendu beaucoup plus de magazine cette troisième année que la deuxième, contrairement à mes prévisions. Ce n'est pas une bonne nouvelle. J'ai vendu autant de magazine la troisième année que la deuxième.
Voici tous les chiffres de vente des 3ans, Les indicateurs sont : le Chiffre d'Affaire (CA) par mois dans la colonne CA VULCAN, le total de chaque année en bleu, la moyenne mensuelle sur l'année en gris, et le minimum mensuel sur chaque année en rouge, et la part des Pass Cultures (PC) en noir.
Je ne m'attarderais pas sur l'analyse des courbes. Il y a à la fois beaucoup à dire et peu à en tirer. Le fait est que cette troisième année n'a pas vu se matérialiser la croissance escomptée.
Je ne peux pas faire l'impasse sur la question des causes. J'ai gagné 1200 clients la première année, 1600 la deuxième, et 1500 nouveaux clients la troisième année. J'ai environ 800 clients très fidèles qui commandent la dernière saison avant le début de cette dernière, qui seront rejoints par quelques centaines d'autres au cours de l'année. J'ai fait l'erreur de penser que les clients qui avaient commandés des saisons dès la première année étaient assimilables à des fidèles. En réalité jusqu'à la deuxième année, le prix pour acheter l'intégrale des magazines était très abordable et beaucoup de clients ont tout commandé par simplicité. Cette troisième année, l'intégrale dépasse maintenant les 100€ et j'ai vu l'explosion des commandes unitaires de quelques numéros piochés par-ci par-là, un peu à la manière qu'ont les gens de sélectionner quelques magazines sur les salons. Autrement dit, le panier moyen a chuté.
Sur l'année 1 les ventes de magazines s'élèvent à 40k€. Sur l'année 2, ce chiffre est monté à 67k€ (soit 65% de croissance). Sur l'année 3 les ventes de magazine n'ont progressé que de 0,2% de croissance et donc se stabilisent à 67k€. L'augmentation de CA (jusqu'à 74k€) est due aux différents partenaires qui ont commencé à signer avec moi pour la chaine Youtube de Vulcan l'équipage qui débute à la fin du mois.
Maintenant il faut parler des coûts. Ces derniers sont plus ou moins stables années après années. Le coût de l'impression d'un magazine est d'environ 12k€ par numéro. La mise en page 4,5k€ par num. Les photographes 2,5k€ par num. Les frais réels (sans frais exceptionnels de location de circuit ou autre excentricité) d'un shooting à 4 personnes s'élèvent à environ 400€ par jour, sur 10 jours soit environ 4000€ par numéros.
Donc 23k€ par numéro x4 = 92k€ pour la production des magazines pour un an.
Depuis le milieu de la troisième année, j'ai repris la mise en page en interne lorsque j'ai vu que les ventes ne suivaient pas, pour limiter les coûts et sécuriser le paiement des fournisseurs. Donc en réalité on est à 74k€ de budget de production pour l'année prochaine.
Les frais logistiques et d'envois des magazines s'élèvent à environ 1500€ par mois, soit 18k€ sur l'année. Ces frais dépendent des ventes, donc plus il y a de vente, plus cette enveloppe augmente.
En fait je suis con, je ne devrais pas regarder ces chiffres. Je me fais du mal.
Les frais marketing. Ce sont les salons auxquels on participe, les vidéos qu'on coorganise avec d'autres, la 106 Vulcan etc. Ces frais sont estimés à 18k€ par an. Ces frais marketing sont budgétés depuis la deuxième année.
Bien entendu, je ne me paie pas sur Vulcan Magazine.
Donc si je résume, la première année m'a coûtée 100k€ et rapporté 40k€, donc j'ai compensé à hauteur de 60k€.
la deuxième année m'a coûté 128k€ et rapporté 67k€ et donc j'ai compensé à hauteur de 60k€.
Et cette troisième année m'a coûté 119k€ et rapporté 74k€ et donc j'ai compensé à hauteur de 45k€
Il compense, il compense c'est bien gentil mais comment ?
Les premiers 60k ont été largement amortis par un prêt fait à la banque pour lancer le magazine (prêt de 50k€ que je rembourse petit à petit depuis 2021) et le reste des 105k€ sur 3ans ? Et bien c'est ma deuxième activité d'indépendant qui l'a épongé. Je conseille des entreprises depuis 2015, ce qui me permet de renflouer Vulcan périodiquement. La vente de certaines autos a aussi permis de récupérer du cash frais. J'ai d'ailleurs du intensifier mon activité de conseil (j'étais à mi-temps avant) depuis septembre pour récupérer mes retards de paiement accumulés sur 2023 : bah oui j'ai moins vendu que ce que je pensais sur mon prévisionnel. Mais du coup j'ai fait moins de communication et j'ai donc vendu encore moins.
Même si sur ces 3 ans je survis en terme de trésorerie sur les 2 sociétés + mon foyer. Mes bilans sont dégueulasses sur les 2 sociétés depuis 3ans. Néanmoins, cette prise de risque financier est à relativiser : je suis seul maitre à bord de mes sociétés. J'ai plusieurs métiers entre les mains, dont certains très recherchés. Ce ne serait pas agréable, mais je saurais me refaire une santé, et solder mes dettes relativement rapidement. Je ne suis pas en danger financièrement, et cela signifie deux choses : 1/ si Vulcan devait s'arrêter, cela serait fait proprement et les gens seraient tout de même livrés de ce pour quoi ils ont payés. 2/ tous les fournisseurs seront payés car la société ne sera jamais fermée. (je ne veux pas me tuer socialement, auprès des banques ou de l'état)
Il existe en circulation dans le monde plus de 20 000 numéros de Vulcan Magazine. Cela représente environ 5000 lecteurs. Si parmi ces 5000 personnes j'ai pu en inspirer, si j'ai pu faire en sorte que certains lecteurs se sentent mieux, ne serait-ce qu'un seul, pour moi c'est gagné. Et je sais que vous êtes nombreux. J'ai la possibilité de diffuser mes idées et ma passion pour l'automobile comme peu ont l'opportunité de le faire.
Vulcan est une belle marque avec de belles valeurs. Je produis ça avec le cœur, je m'exprime librement et les gens sont libres de l'acheter ou non. Vous êtes très nombreux à avoir perçu la valeur d'une telle parution. J'ai créé le magazine que j'aurais voulu lire plus jeune, je dis des choses que j'aurais voulu moi-même découvrir plus tôt.
Personnellement, je suis très heureux.
Faire le bilan est une chose, surtout lorsque l'on doit accepter que l'on est pas là où l'on voudrait être, mais cela permet surtout de faire un plan pour l'avenir !
La saison 4 (épisodes de 13 à 16) sera imprimée, mais je vais devoir décider en octobre de cette année si c'est la dernière sur papier ou non, en fonction des ventes. J'ai un nouveau format en tête qui me permettrait peut être de sauver le magazine.
La Chaine Youtube Vulcan l'équipage va démarrer fin mars et c'est elle qui aura pour lourde responsabilité de trouver de nouveaux lecteurs. C'est un projet qui m'excite à plus d'un titre car j'ai la possibilité de réaliser un nouveau rêve en le mettant en image. J'ai déjà plusieurs partenaires qui seront révélés très bientôt, qui partagent nos valeurs d'indépendance et d'amour du travail bien fait. Il n'existe pas vraiment de belle chaine de mécanique en France, avec des autos de bon goûts, je voudrais combler ce gap avec Mayeul. Nos moyens sont hyper limités mais cela fait partie du challenge.
Je prends un gros risque financier cette année en renforçant l'équipe. Mais je n'ai pas tellement le choix si je veux conserver Vulcan, l'esprit et le contenu.
Deux raisons à ça : j'ai mis ma vie familiale de côté ces 3 dernières années et j'arrive à une limite personnelle si je ne veux pas faire de dégâts dans mon foyer. Je n'ai pas réussi à trouver suffisamment de clients sur Vulcan pour équilibrer mon temps de travail sur mes diverses activités. Embaucher c'est le seul moyen pour moi de réduire mon temps de travail et avoir une vie "normale" pour éduquer mes enfants. Ah oui parce que j'ai un deuxième petit bout de chou qui arrive en Juillet. Donc il va y avoir du pain sur la planche et là on ne parle plus de bagnole ou d'entrepreneuriat mais d'être humain en formation. La priorité n'est plus la même c'est du sérieux.
C'est donc un vatout sur cette année. Ce qui ne grandit pas, meurt. Il faut plus d'épaules pour porter Vulcan un peu plus loin. C'est un projet de "gens qui font" et j'ai trouvé les personnes parfaites pour relever le défi avec moi. Vous connaissez déjà Valentine et Mayeul, ils sont l'avenir. Donc oui c'est difficile mais je trouve aussi que ces évolutions arrivent naturellement, par nécessité, c'est à ça que je reconnais tout ce qui m'est arrivé de meilleur dans ma carrière.
Avec Vulcan tu achètes ton magazine, mais tu achètes surtout de la création totalement indépendante puisqu'exclusivement payée par toi (merci !), et puis aussi une histoire, que certains suivent depuis le commencement.
Sylvain