CR de la prise de livraison du nouveau joujou
[SPOIL : c'est dément !

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Retour de quelques mois dans le passé.

Les quelques premiers tours de roue avec l'Alpine au Big Car Show au Bugatti m'avaient vraiment déçu et c'est à partir de ce moment que l'idée de me séparer de la berlinette s'est ancré dans mon esprit. Mon premier reflexe fut alors de revenir à mon
premier amour, celle qui m'obsédait depuis de nombreuses années, la F-Type SVR

L'idée qu'il était encore possible de profiter d'un tel dynosaure de nos jours, pour une durée incertaine, me poussait à concrétiser ce rêve. Toutefois, je gardais dans un coin de ma tête la Porsche 981 GT4, dont le chassis fabuleux m'avait vraiment marqué à la conduite. L'idée était de privilégier avant tout les sensations, et de palier les faiblesses de l'Alpine (pour ne pas parler de défaut car ce n'en sont que d'un certain point de vue et ne sont que le revers de certaines qualités) : son comportement et son moteur. Mais véritablement, c'était la F-Type SVR qui me restait en tête, encore et encore.
J'ai donc longtemps chassé la bonne, pendant plusieurs semaines, plusieurs mois même

Et dans le cadre de cette recherche, j'ai pu en essayer deux qui m'intéressaient véritablement. Une noire cabriolet, qui s'est avérée être en mauvais état et dont le comportement moins rigide que le coupé m'a déçu, et une blanche coupé. Or, c'est quelques jours après l'essai de cette dernière que tout a basculé. Si sur l'instant j'ai été conquis par le moteur, encore une fois, demeurait un doute qui m'avait empêché de signer le jour-même

Il m'a fallu quelques jours pour digérer cela, et finalement comprendre que durant l'essai, je n'avais pas eu de coup de coeur à son volant. Et finalement, la conclusion que j'ai fini par formuler rebouclait avec mes toutes premières impressions, il y a 3 ans. La F-Type SVR est une caisse splendide - c'est une certitude et je pense que son dessin restera intemporel - et très théâtrale - du fait surtout de ses vocalises - mais elle en donne plus à son passager ou à ceux qui la voient/entendent passer qu'à son conducteur. Cela reste une GT. Une formidable et magnifique GT, mais pas une machine à piloter qui te donne du plaisir pur de conduite.
Et cette conclusion m'a finalement ramené assez vite vers un coup de coeur que j'avais eu sur le papier, et qui s'est confirmé lors du stage Lotus Driving Academy de 2021 : l'Exige V6 !

Un chassis certes ancien mais qui demeure encore une référence, un moteur expressif surtout à partir des version 380 et supérieures, un toucher de route Lotus légendaire, une fiabilité mécanique éprouvée, un coût d'entretien et de roulage très raisonnable, une cote de sympathie agréable, et surtout, SURTOUT, des sensations à gogo !! La 981 GT4 était oubliée : son moteur trop peu expressif, sa boite longue et son image l'ont disqualifié. La Lotus Exige était la suite logique de l'Alpine.
Il fallait donc trouver la bonne maintenant. Et première étape : quelle version ?

La plus raisonnable, était la 350. Ses améliorations corrigent les défauts de l'Exige S qu'elle remplace, mais sa sonorité (élément important du plaisir automobile) reste
relativement étouffée. D'autres petits défauts, tels que l'embrayage pouvant se révéler un peu fragile ou encore la puissance variable selon la température, sont pris en compte dans l'équation, mais c'est avant tout la sonorité qui me faisait hésiter. La 380 donc ? Sur le papier, elle améliore déjà ce dernier point très significativement, et génère un son absolument exceptionnel ! Reste que sa cote s'est très sensiblement approchée ces derniers temps de... la 410 ! Celle que l'on considère comme la version la plus aboutie
Et pour cause. Développée à partir de la 430 Cup, la 410 est une version ultime à peine civilisée. Avec son nouvel embrayage renforcé, elle discipe tout doute à ce sujet. Question sonorité, c'est identique à la 380 : indescent ! Côté puissance, le nouveau compresseur et le chargecooler permettent de délivrer une puissance constante. Le carter cloisoné rassure pour l'usage circuit. Quant aux suspensions Nitron 3 voies issus de la compétition, elles ne souffrent d'aucune critique, et le freinage assuré par les J-hook AP Racing est à la hauteur des performances. Résultat : de 0 à 100 km/h en 3,5 sec, VMax 290 km/h, puissance 416 ch à 7000 tr/mn, couple 420 Nm entre 3000 et 7000 tr/mn pour un poids sec de 1054 kg
Le modèle précis était donc trouvé. Mais le plus compliqué restait à venir...
Au moment où je commence mes recherches, il y en a vraiment peu sur le marché. 2 en vente par RRC, dont une qui s'est avérée être déjà vendue après renseignements, et l'autre bien trop chère. Ils l'ont encore d'ailleurs sur les bras, et ça fait presque 1 an

Une autre également par Marcassus, mais qui s'est avérée être vendue aussi. J'apprendrai plus tard qu'elle fut vendue à Axel (Axel /FRAxool), et tant mieux car en me renseignant je constaterai que Marcassus n'est pas vraiment irréprochable

Il en restait une dernière, orange 20th anniversary, mais définitivement je ne me suis pas du tout entendu avec le vendeur, un particulier qui refusa de m'emmener ne serait-ce qu'en passager pendant quelques minutes tandis que je venais de faire 1h30 de route pour la voir...
Il m'a fallu donc faire quelques démarches proactives, et contacter des spécialistes que certains dont Casimir ici m'ont recommandé. Ils sont peu nombreux, et tous m'indiquent ne rien avoir en stock malheureusement, constatant avec moi une vraie pénurie de 410 sur le marché. Sauf, sauf un, peut-être le meilleur en France, David BAUDEN

Il venait justement d'avoir l'information que son client allait se séparer de la sienne, l'utilisant trop peu notamment car madame n'aime pas monter dedans, au profit de son Aston new Vantage pour le weekend et de son A110 pour le quotidien... Elle aurait moins de 3.000km, viendrait d'être révisée, et serait de fin 2020 avec une garantie d'un an. Parfait !

Je reçois quelques photos, de qualité discutable mais qui auront le mérite de créer une très bonne surprise sur le rendu de la couleur en vrai, et après quelques échanges téléphoniques, on se met d'accord. Se concordant à la perfection avec la vente de l'Alpine qui se réalisa quelques jours plus tard, je signe le bon de commande et lui fais le virement. Reste plus qu'à attendre une semaine !
Entre-temps, les grèves s'intensifient. J'ai pris mes billets de train pour samedi dernier, et espère dans le fond que les blocages ne se poursuivront pas jusqu'au 11 mars. Mais non... Le jeudi, je reçois un texto de la SNCF m'indiquant, sans la moindre excuse au passage, que mon train est annulé

Bref, démerde-toi petit client. Je passe une matinée à essayer de trouver des alternatives. Les billets d'avion ont fait x3, les rares billets de train encore disponibles ont également bien augmenté. Et chaque fois que je vois une potentielle opportunité d'alternative, je ne peux pas aller jusqu'au bout car le billet est finalement réservé. Tout le monde se rue sur les dernières possibilités ! Il me reste une dernière option : le vendredi matin. J'appelle Bauden et lui demande compte tenu de contexte s'il est possible d'avancer d'une journée, sachant qu'on était du coup la veille ! Il s'arrange et me confirme. Je finis de prendre le billet, et peux aller au bout... pfiouuuu !
Nous sommes donc vendredi matin, après un réveil douleureux à 5h du mat', me voilà en gare de Lyon. Après 2h d'attente - anticipation oblige - je constate avec joie que mon train est maintenu et peux embarquer - on rêve...

Je passe sur le fait que je tombe sur un mec en 1ère qui une fois assis, s'empresse à 8h38 de se décapsuler une bière en en foutant la moitié par terre en plus

3 heures se passent et je finis donc par arriver en gare de Chambéry où la fille de David m'attend gentiment pour m'emmener à la concession, à 30min de là. On passe la durée du trajet à bien discuter, et tant mieux, les dernières minutes d'attente se faisant particulièrement longues !
Et voilà que j'aperçois le showroom...
Sa composition est une petite caverne d'Alibaba pour amoureux d'Anglaises ! Des Lotus naturellement, mais aussi beaucoup d'Aston Martin V8 Vantage jusqu'à 2017, V8 Vantage S, des Caterham, Jaguar, McLaren...
Dans le fond, une très belle DBS aussi
Une XKRS blanche attendait également son prochain propriétaire le lendemain
Et au niveau de la sortie du showroom, ma (future) belle Exige 410 que j'aperçois...

Je me rapproche, intérieurement excité, tentant de garder mon enthousiasme...
My god, mais elle est MAGNIFIQUE !

La couleur rend tellement mieux qu'en photo, un bleu profond, avec des nuances de violet selon la luminosité
Son état est absolument parfait, elle est NEUVE ! Pas une microrayure, pas un seul poc de gravillon sur le masque avant, RIEN !
Je suis totalement sur le cul et amoureux, elle est superbe...
La couleur lui va à ravir, le carbone contraste super bien avec la carrosserie, le hardtop peint (normalement il est noir mate) finit très bien la ligne, les touches de rouge rappellent avec goût les étriers de frein, et l'intérieur largement composé d'alcantara, réhaussé par des surpiqûres rouges et blanches sont vraiment très bien accordées avec le reste. L'ensemble me plait énormément !
David me rejoint et me propose que sa fille aille nous chercher à tous les deux un sandwich. Nous discutons un peu et au retour de sa fille, nous déjeunons tranquillement dans le salon de la concession en tête à tête, à parler bagnole, actualité, projets... Il me conseille aussi de ne pas faire de col aujourd'hui, afin que je puisse tranquilement amadouer la bête compte tenu des routes assez grasses et humides en ce moment. Au lieu de cela, il me conseille quelques itinéraires dans la vallée qui restent sympa, avant de repartir. Après avoir déjeuné, il me fait la prise en main de l'Exige, assez rapide au final. Je me souviens de la prise en main de mon ancienne Mini JCW, qui avait duré plus d'une heure en concession compte tenu des nombreuses fonctionnalités electroniques ! Là c'est sûr, c'est plus rudimentaire
Signature des derniers papiers, achat d'un petit gilet sans manche Lotus pour le souvenir, et me voilà prêt, avec mon sac à côté de moi (le coffre étant rempli par le soft top que j'ai acheté à l'occasion). Tour de clé, embrayage et frein enfoncés, j'appuie sur le bouton START...
Oh ce bordel au démarrage !!

Le ralenti à froid valve fermé reste raisonnable, mais le moment où le moteur s'ebroue est très sonore ! Je l'entendrai d'ailleurs de loin sur une autre Exige dehors un peu plus tard, c'est clair que dans le genre démarrage discret on repassera...

L'embrayage me parait dur sur l'instant, mais ça s'averera être une question d'habitude car il ne m'a jamais choqué pendant le weekend. La pédale d'accélérateur par contre est très collée à la partie métallique de droite, et mériterait d'être plus proche de la pédale de frein pour le pointe-pointe. Moi qui avais l'habitude de le pratiquer sur mon ancienne MX5 BBR, il va falloir que je me mette au vrai talon-pointe car l'écart ne laisse pas le choix.
Je sors délicatement du showroom de la concession et m'arrête devant pour installer mon bordel (support de tél spécifique, Coyote, etc.) et en profite pour faire quelques photos
Aller, c'est parti !

L'intérieur est exigu, mais étrangement, moi qui suis un peu claustro, je ne me sens pas à l'étroit. D'ailleurs les sièges sont particulièrement agréables, et se montreront même confortables sur long trajet. J'ai parcouru environ 800km dans le weekend et je n'ai jamais souffert du dos. On y est assis à la bonne hauteur, et on s'y installe sans trop de difficulté. S'y extraire est plus délicat, je n'ai pas encore trouvé le moyen de ne pas frotter ma cuisse droite contre le bas du volant. En tout cas, j'ai nettement moins de mal que dans les sièges carbone qui sont davange enveloppant.
Un peu fébrile, l'Exige me paraissant assez intimidante, j'y vais comme sur des oeufs

Les premiers mètres, la direction me rappelle gentiment qu'elle n'est pas DU TOUT assistée, et qu'il va falloir s'habituder à faire travailler un peu les épaules. Inutile de dire qu'on oublie désormais de faire des manip à une main à l'arrêt. Ca c'est l'un des aspects, mais le plus important, c'est qu'elle retransmet en conséquence absolument TOUT de la route !

Chaque petite imperfection, chaque petite fissure, chaque léger dénivelé, tout est remonté dans cette direction si communicative. On vit la route, et on est connecté à elle à 100%.
La boite de vitesse, qui laisse entrevoir toute la tringlerie, est extrêment bien guidée, courte mais aussi virile. Les changements de rapport doivent être bien décomposés, et précis. Le petit pommeau se manie avec un vrai plaisir. La hauteur du levier est vraiment parfait, il tombe très bien sous la main. Les premiers kilomètres à allure modérée se font finalement assez naturellement, rien de sauvage et de complexe. On a simplement l'impression de conduire un kart tant tout est direct.
Mais la comparaison s'arrête là. Une fois en température, et sur route sèche, je hausse doucement le rythme, à commencer par une sortie de village où j'ose appuyer un peu plus...
La première impression qui vient c'est la sensation de poussée dû au couple sur un poids aussi contenu. La force du 3.5 compressé est déconcertante au début. Il meut l'Exige avec une telle facilité !

L'aiguille du compte tour commence du coup à monter assez vite, suffisamment vite pour dépasser les 4.000tr/mn et là... BORDEL c'est quoi cette sonorité soudaine ?!
La valve s'ouvre automatiquement, le moteur s'exprime pleinement, et HUUURLE véritablement à l'arrière !

La sonorité accompagne du coup la poussée d'autant plus importante, dans une ambiance course unique. Mais le prochain virage est déjà là, et il faut freiner. L'attaque pourrait être un poil plus franche, je comprends que certains remplacent par des Pagid RS29 à l'occasion du changement de plaquettes, mais franchement je chipotte.
Je tombe un rapport en tentant maladroitement de faire un pointe-pointe... raté

l'écart entre ces deux pédales me parait être un ravin, pas grave, je m'entrainerai. J'entame le virage et donne les premiers degrés au volant. L'inscription dans le virage est alors d'une efficacité redoutable. La 981 GT4 était jusque-là ma référence, ici on la dépasse. Le train avant est ultra directionnel, et je ressens les réglages de Bauden qui a mis du carrossage. Un vrai scalpel qui inscrit l'Exige dans le virage, dans son unité, la rigidité de l'ensemble se ressentant immédiatement. Tout semble super compact, tellement efficace.
Et pour autant, elle met en confiance, du fait de sa transparence totale. A aucun moment je me suis demandé ce qu'il se passait. On lit la route, et on comprend le comportement comme dans aucune autre sportive que j'ai pu conduire jusqu'alors. Tout est limpide et sain. Je retrouve cette équilibre que j'avais ressenti durant le stage Lotus Academy

En comparaison de l'Alpine, l'Exige donne l'impression de supprimer tout un tas de couches intermédiaires qui t'obstruent le ressenti de conduite. Tout est directement connecté, l'ensemble des éléments mécaniques en symbiose.
Moitié de virage atteint, reprise des gaz, aucune mauvaise surprise. Il faut bien sûr faire avec tout le couple et la puissance en prenant en compte l'état de la route qui reste humide à certains endroits, mais tout se fait dans la continuité des mètres précédents. Je pousse alors à nouveau la 2, dépasse les 4.000tr/min, et à nouveau cette sonorité sortie des circuits !

Mais qu'est-ce que c'est jouissif ! Tant est si bien qu'on se retrouve rapidement au rupteur. Oui, ça monte très très vite, et il faut s'y habituer. On aurait envie que le moteur prenne encore davantage de tours, mais il est déjà temps de passer la 3ème. Le mode Sport, que je n'ai pas encore enclenché, décale quant à lui le rupteur de 200tr/mn
Et ainsi de suite... Mais au fait, j'ai un bouton magique moi ?

Oui, j'ai le bouton qui permet de garder les valves ouvertes à la demande. Petite pression et... je découvre la vraie sonorité du V6 compressé à bas régime, très rauque. Les double debrayages au rétrogradage génèrent alors des pics de db orgasmiques, un vrai bonheur !
Une heure s'est passée comme ça, dans les routes de montagne de Savoie. Je me suis abstenu de faire des cols, en respectant les sages recommandations de David, mais j'ai vraiment hâte d'en arpenter prochainement !
Le passage par les quelques villages m'ont donné le loisir de constater à quel point la Lotus bénéficiait d'une très bonne cote de sympathie. Les gens regardent parfois surpris, souvent avec le sourire, et à quelques occasions je vois un pouce levé. Toujours agréable, ça relativise la haine automobile ambiante que l'on peut ressentir.
Il fut ensuite temps de reprendre l'autoroute. Je me suis surpris alors à rester plus ou moins aux vitesses réglementaires, tant la sensation de vitesse étant suffisamment importante pour ne pas s'ennuyer totalement. J'ai même mis des podcasts sur le poste Sony, la qualité du son étant étonnamment pas nulle du tout. Rien à voir avec le Mark Levinson de mon Lexus RX450h bien sûr, mais je m'attendais à bien pire. Au régulateur, je rejoins du coup la Côte d'Or tranquilement, ponctué par quelques relances bien toniques sur l'autoroute 2 voies, et un ou deux départs bien appuyés en sortie de péage.
Le lendemain, petites balades en Bourgogne avec un pote, et en particulier, la cote de Marsannay fut vraiment sympa, avec quelques lacets sur une route toute neuve
Dimanche, il est temps pour moi de regagner le domicile conjugal ! 4h d'autoroute en gros, sans encombre, sans fatigue, cette Lotus est décidemment étonnante ! Petite frayeure en entrant dans le jardin, je ne savais pas si la bite du portail allait défoncer ma lame en carbone à 8.000 boules...

mais non, tout va bien.
Le début d'une belle aventure avec cette Exige 410
