J'ai découvert un photographe, un conteur, un aventurier du nom de Maxime Daviron il y a quelques années et son univers m'a fasciné . Découvrir les terres perdues, des zones parfaitement isolées de notre civilisation, souvent loin et haut dans les montagnes pyrénéennes. Là, il cherche à retrouver des ambiances dignes des temps primitifs. Il se confronte aux éléments et notamment aux orages en altitude, sa discipline de prédilection. Là où il se distingue des chasseurs d'orages, au delà de l'environnement montagneux où il va à leur rencontre, c'est qu'il écrit, bien, très bien, de manière absolument immersive qui nous permette d'être carrément dans son sac à dos lors de ces aventures. Ces récits sont dispos sur son site : https://maximedaviron.com/recits/
Je suis allé à la rencontre de Maxime lors d'un festival photo en Corrèze cet été, j'y ai trouvé un jeune homme humble, discret mais animé d'une passion et d'une volonté hors normes. Une dépression potentiellement orageuse est annoncée dans les pyrénnées ? Tant pis pour la soirée en amoureux, l'anniversaire de la cousine et le bbq chez les copains : un sac à dos, une tente, le matos de survie et GO !!! Il a choisi d'en faire son métier, un choix très courageux mais qui ne paye que très peu. A base de une boite de conserve par jour, il survie en montagne parfois plusieurs jours. C'est son choix, il ne se plaint pas de cette situation, sa passion viscérale pour ces environnements primitifs prime sur tout le reste... pour l'instant tout du moins (des enfants ça changera sans doute un peu la donne).
Son travail entamé il y a 12 ans, est sur le point de venir une chose réele : un livre !! C'est un peu l'aboutissement pour tout photographe indépendant, pouvoir donner vie à son travail via un support réel. Pour cela, il faut qu'il réunisse un budget suffisant permettant de lancer la fabrication. Cela se fait sous forme de financement participatif via le site ulule. Je ne connaissais pas, mais en gros : s'il atteint le budget de 14000€, le projet abouti, sinon tout le monde est remboursé. Il en est à 50%, il reste 1 mois ... donc j'essaie de promouvoir son travail pour que ça se fasse ... et que je puisse avoir le livre dans les mains.



Pour donner une idée : 50€ le livre, 75€ le pack avec livre + CD d'ambiances sonores + tirage photo signé + court métrage détaillant toute l'histoire de l'une de ces images les plus emblématiques.
Voici le lien pour avoir tous les détails et faire la pré-commande : https://fr.ulule.com/livre-terres-perdues/
D'ailleurs, un teaser du court-métrage vient de sortir et ... ça fout les frissons (et c'est un tout autre niveau que mes aventures automobiles !)
Voici peut-être ma photo préférée :

Et une partie du récit associé qu'il partage sur sa page facebook (accessible même sans compte je pense) : https://www.facebook.com/terres.perdues/
J'espère que quelques uns d'entre vous seront sensibles à cet univers et auront envie d'en découvrir plus en soutenant son projet de livre."De l'autre côté" | Pyrénées Espagnoles, 1er septembre 2023.
Le lendemain de mon retour de Catalogne, je parcours donc à nouveau les 3 h 30 de route et 1200 mètres de dénivelé de marche jusqu'à mon bivouac. Dans un ciel chargé de nuages préorageux, vautours fauves et gypaètes décrivent de larges cercles. Assis sur le fil d'une crête minérale, je suis parfois frôlé par l'un d'eux, qui ne détecte ma présence qu'au moment où nos regards se croisent l'espace d'une fraction de seconde, avant qu'ils ne disparaissent derrière la prochaine cime. Comme la fois précédente, les isards viennent inspecter mon matériel installé dans la grotte, peu habitués à la présence humaine en ce lieu reculé. Plus bas, des marmottes sifflent l'arrivée d'un renard sur un plateau herbeux. Lentement, le ciel s'opacifie, et quand vient le moment pour le soleil de basculer de l'autre côté de l'horizon, de vastes rideaux de pluie se déploient. Un bleu profond s'empare des montagnes, découpé d'un liseré rouge au-delà des crêtes de l'ouest. La foudre frappe. En-dessous du sommet où je me tiens, quatre isards surveillent l'arrivée de la tempête tout en gardant un oeil perplexe sur ma silhouette. Je tente de les inclure dans mon cadre – vieux rêve photographique qui ne se réalisera pas ce soir là, car la foudre ne daigne pas à retomber avant que l'imminence de la pluie ne me chasse. En quelques minutes, je regagne la grotte, et les cellules défilent face à moi en adoptant une activité intranuageuse continue. Elles s'évacuent vers le nord-est jusqu'à 23 h 30, lâchant occasionnellement des grappes d'impacts lointains. Mais peu avant minuit, la pluie se condense directement à l'ouest de ma position, et vient soudain draper les cimes alentours. Je cadre, déclenche, et attends.
D'un trait, une immense décharge internuageuse traverse le ciel de part en part, pulsation aveuglante suivie presque immédiatement d'un fracas qui s'étire et se déforme longuement, répercuté en échos successifs d'un relief à l'autre. Quand l'exposition de 30 secondes s'achève, je découvre une image qui se rapproche de très près de celle que je fantasmais depuis des années – l'un de ces moments rares qui peuvent ne jamais se produire au cours d'une saison. Lui succède une seconde fulgurance, un impact s'abattant sur un plateau en arrière du sommet central. [...]
[...] Le problème, pour certaines de ces grottes, est qu'elles sont parfois traversées de micro-fissures, dans lesquelles l'eau peut s'infiltrer jusqu'au plafond pour venir pleuvoir à l'intérieur. Ayant testé une première fois cet abri, j'étais relativement confiant sur le fait que celle-ci resterait sèche... Jusqu'à ce que les premières gouttent tombent sur mon duvet, m'empêchant de trouver le sommeil que mon corps réclamait. La pluie ayant cessée dehors, je récupère le tarp qui bloquait l'entrée pour m'enrouler dedans, et tente de me reposer du mieux que je peux. Progressivement, les gouttes se transforment alors en une véritable douche glacée... À 6 h, des tremblements incontrôlables me tirent de ma torpeur : l'eau a fini par traverser la toile usée par capillarité, et mon duvet est une véritable éponge. Tout est trempé en dehors de mon sac, que j'avais bien protégé avec évidemment le matériel photo à l'intérieur. Je sais alors que l'hypothermie n'est pas loin, et que je ne peux pas rester là. La seule solution pour me réchauffer est de me remettre en mouvement, alors je fais mon sac, laborieusement, et quitte la grotte de nuit. À la frontale, je peine à retrouver mon itinéraire, et suis content d'avoir pensé à faire une trace GPS à la montée pour retrouver mon chemin. [...]